Le cancer de la vigne : L’esca

Il s'agit d'une maladie du bois qui détruit une partie grandissante du vignoble français et européen.

Un article récent dans Les Echos du 12 Octobre indique d'ailleurs que la fameuse maison de Cognac Hennessy, appartenant à la non moins fameuse institution LVMH, a lancé un appel à la recherche mondiale. La maladie touche selon cet article au minimum 12% des ceps du vignoble cognaçais. Pourquoi nous direz-vous évoquer la région de Cognac alors que nous sommes implantées en Bourgogne. Tout simplement car cette prise de position en faveur de la recherche par une maison dont les moyens sont inestimables (LVMH) va sans conteste rejaillir en positif sur les régions viticoles comme la Bourgogne, sujette au même phénomène

La presse et les professionnels évoquent régulièrement la baisse de rendements de nos appellations mais abordent souvent le sujet par le seul spectre du climat et de ses aléas. Ne nous voilons plus la face : notre viticulture est en train d'évoluer et SE DOIT d'évoluer. L'homme est le seul responsable des conditions actuelles de production et de rendements. La nature nous rend la monnaie de notre pièce...nous l'avons alimentée comme un cheval de course pendant des décennies, le cheval finit sa course à l'abattoir et le cep de vigne au bûcher.

L'esca est un champignon qui provoque la dégénérescence du bois en s'introduisant et se développant dans le tronc. Un certain monsieur Florian Bassini écrivait en 2004 : « L'origine multifactorielle de l'esca aperçue lors de cette étude, nous amène à accentuer la réflexion sur différents facteurs ayant probablement une influence dans la sensibilité des vignes. La réflexion menée pour ce travail n'est pas une fin en soi. Elle ne contribue qu'aux prémices d'une réflexion globale dont l'aboutissement sera la réalisation d'un équilibre entre l'homme, la vigne, l'agriculture en général et la nature. La considération de la totalité des éléments, permettant d'engager un pied de vigne sur un chemin de vie cohérent et respectueux de sa nature profonde, permettra à long terme de s'affranchir d'artifices aujourd'hui indispensables. Quelles approches, de la sélection des bois jusqu'au mode de conduite, permettraient à la vigne d'exprimer pleinement son système immunitaire face aux différentes agressions ? Quelles sont les différentes techniques employées apportant une sensibilité aux maladies ? La maladie est-elle vraiment à considérer comme nuisible, n'est-elle pas à considérer comme une réaction normale d'un organisme en déséquilibre ? »

J'encourage nos collègues de Cognac à lancer un appel de fonds à toutes les institutions du monde du vin et spiritueux de terroir, ayant pour outil de travail LA VIGNE et d'orienter la recherche sur des pistes qui envisagent la viticulture à très long terme, et surtout qui intègre la notion d'équilibre dans la nature. Notre monde politique n'a aucune vision et compétence en la matière et une absence totale de moyens donnés à la recherche est avérée. Il n'y aurait pas de vote supplémentaire au bout....C'est ainsi et c'est pourquoi j'applaudis le monde privé qui tente de chercher des solutions, quelles qu'elles soient.

Francine Picard